La DARES, service statistique du Ministère du Travail vient de publier son étude sur « l’évolution de la pratique du télétravail depuis la crise sanitaire » et les conditions de travail et de vie des salariés qui y sont associées.
Les données statistiques et les enseignements de cette étude sont particulièrement instructifs sur ce mode d’organisation du travail.
Désormais, 26% des salariés pratiquent le télétravail (contre 9% en 2019), cette progression étant majoritairement portée par les cadres.
Elle s’accompagne d’une représentation accrue des femmes, des jeunes et des plus diplômés parmi les télétravailleurs.
Nous vous proposons une revue des points clés de cette étude mise en ligne le 5 novembre 2024.
En 2023, 26% des salariés sont occasionnellement en télétravail (vs 42% en 2021)
En 2019, l’année précédant la crise sanitaire du Covid-19, seulement 9 % des salariés télétravaillent au moins de manière occasionnelle, c’est-à-dire quelques jours ou demi-journées par mois.
Interrogés de façon rétrospective début 2021, 42 % des salariés déclarent avoir fait l’expérience du télétravail au moins une fois entre mars 2020 et début 2021, période marquée par les deux premiers confinements.
Cette pratique ne perdure pas nécessairement par la suite :
- ils ne sont plus que 31 % à télétravailler, au moins occasionnellement, début 2021,
- ils sont désormais 26 % début 2023.
En 2019, la pratique intensive du télétravail, soit trois jours ou plus par semaine, est marginale, puisqu’elle ne touche que 1 % des salariés.
Au début de l’année 2021, à la sortie d’une période de confinement, elle concerne 18 % des salariés, soit 60 % des télétravailleurs.
Deux ans plus tard, ce télétravail intensif est nettement moins répandu : seules 5 % des personnes salariées le pratique en 2023.
Il est progressivement remplacé par des formes de télétravail régulières modérées (un ou deux jours par semaine) ou occasionnelles.
Entre 2019 et 2023, plus de 4 millions de salariés se mettent au télétravail
En 2023, 6 millions de salariés télétravaillent, contre seulement 2 millions en 2019.
Cette augmentation est principalement concentrée dans quelques métiers.
En 2023, 15 familles professionnelles sur les 87 répertoriées regroupent 73 % des personnes en télétravail.
Dans certains de ces métiers, la majorité des salariés télétravaillent en 2023.
C’est le cas de huit à neuf personnes sur dix (85%) parmi les :
- Ingénieurs de l’informatique,
- Professionnels de la communication et de l’information,
- Cadres de la banque et des assurances,
- Personnels d’études et de recherche,
- Cadres commerciaux et technico-commerciaux.
La pratique du télétravail y est déjà relativement développée avant la crise sanitaire, bien qu’à des niveaux moindres.
À l’inverse, dans d’autres métiers, le télétravail reste une pratique minoritaire, mais concerne plusieurs centaines de milliers de personnes :
- Employés administratifs de la fonction publique,
- Secrétaires,
- Enseignants
La pratique régulière du télétravail est désormais réalisée majoritairement par les femmes
Alors que les femmes sont minoritaires parmi les salariés télétravailleurs en 2019, elles en représentent un peu plus de la moitié (51%) en 2023.
De même, la part des plus jeunes (moins de 30 ans) et des plus diplômés (bac+5 ou plus) parmi les personnes en télétravail augmente sur la période.
Le télétravail se répand surtout parmi les cadres, les personnes en contrat à durée indéterminée (CDI) et les salariés du secteur privé.
Parmi les personnes ayant une pratique intensive du télétravail (trois jours ou plus), sept sur dix sont des cadres en 2023.
Elles sont aussi plus diplômées et plus souvent des hommes.
À l’inverse, le télétravail un jour par semaine ou occasionnel se féminise, et ce, dès 2021.
La part des professions intermédiaires et des employés observant cette pratique, de même que celle des personnes moins diplômées, augmente.
Le constat partagé : des moyens suffisants mais pas de compensation financière généralisée
S’agissant des moyens dont les télétravailleurs disposent pour travailler, leur situation tend même à s’améliorer entre 2021 et 2023.
Les salariés en télétravail indiquent être encore mieux pourvus en équipements et moyens de travail en fin de période, dans un contexte où l’usage d’outils numériques pour une durée quotidienne supérieure à 7 heures se maintient à un niveau élevé (75 %).
Par ailleurs, la proportion de salariés qui télétravaillent sans bénéficier d’une compensation financière pour les frais liés à cette pratique passe de 86 % en 2021 à 61 % en 2023.
Ne pas percevoir une compensation pour frais de télétravail est cependant plus fréquent parmi les plus jeunes, les salariés du secteur privé et les personnes en contrat à durée limitée.
En 2023, tout comme en 2019, le télétravail se fait quasi exclusivement à domicile.
Seuls 2 % de l’ensemble des télétravailleurs le pratiquent dans d’autres lieux (espaces de coworking, etc.) ; c’est le cas de 4 % de ceux ayant une pratique intensive du télétravail (trois jours ou plus par semaine).
Les souhaits de maintien et de développement du télétravail prédominants
Parmi eux, la répartition du nombre de jours de télétravail souhaités par semaine reste très similaire entre les deux périodes :
- environ deux tiers souhaitent en faire au moins deux jours par semaine,
- un tiers un jour ou moins.
Parmi les télétravailleurs, 92 % souhaitent continuer à télétravailler en 2023 (contre 89 % en 2021), une majorité préférant effectuer deux jours ou moins par semaine.
Seulement 8 % des télétravailleurs souhaitent télétravailler cinq jours par semaine.
La proportion de télétravailleurs souhaitant télétravailler un jour ou moins par semaine augmente entre 2021 et 2023, passant de 21 % à 26 %.
Un vivier de plus de 2 millions de salariés souhaitent passer au télétravail
Le vivier potentiel de télétravailleurs, c’est-à-dire les salariés qui occupent un poste télétravaillable, ne télétravaillent pas mais souhaiteraient le faire, est concentré au sein de métiers où la pratique du télétravail est le plus souvent déjà bien établie.
Dans certaines professions, la majorité des salariés pratiquent le télétravail, mais une minorité reste en marge et souhaiterait généralement télétravailler.
C’est le cas parmi les techniciens et les cadres des services administratifs, comptables et financiers, les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie, ou encore les cadres de la fonction publique.
Dans d’autres professions, bien que la pratique effective du télétravail soit moins courante, le potentiel est élevé, voire supérieur. Par exemple, 21 % des secrétaires télétravaillent, mais 27 % pourraient et souhaiteraient le faire.
Par rapport aux salariés effectivement en télétravail, le vivier de télétravailleurs comprend des proportions bien plus élevées de professions intermédiaires et d’employés, d’agents de la fonction publique ou de personnes en contrat à durée limitée.
Il est aussi plus féminisé, plus jeune et moins diplômé.
Pour consulter l’étude de la DARES dans son intégralité : cliquez ici
Pour consulter la présentation de cette étude sur le site du Ministère du travail : cliquez ici